Le 22-04-2011


Monsieur le Procureur de la République
34000 Montpellier

Monsieur le Procureur,


Suite à la plainte de la Maison Départementale des Personnes Handicapées de l'Hérault contre Mme Prades Danielle, celle-ci a été interrogée par le service de la Police Nationale à Lattes.

Je suis M. Doriguzzi Pascal, employeur de Mme Prades depuis 6 ans après avoir reçu son aide bénévole pendant 13 ans. Je suis une personne lourdement handicapée par une maladie invalidante, épuisante et difficile à assumer ; par sa présence et sa parfaite connaissance de mes empêchements, réactions au mal dans ma vie quotidienne, et mes capacités de dépassements et d'activités, elle me permet une existence malgré tout humaine, digne, combative - dans mon cas celui qui ne se bat pas n'a aucune chance d'avoir une vie qui lui appartienne. Mme Prades, par son attention quotidienne, me permet cela.

Elle me défend contre l'apathie, la nonchalance, la perte répétée de gros dossiers déposés, et des commissions incompétentes, de la MDPH de l'Hérault. Depuis 35 ans que je suis handicapé physique et que j'ai affaire aux institutions, il est vrai autrefois Nationales aujourd'hui Départementales, je n'ai jamais vu une telle désinvolture dans la gestion des dossiers qui concernent des personnes en grande difficulté, parfois en détresse. Je vous donne un exemple : du temps des COTOREP, il fallait deux mois par une procédure relativement simple pour toucher un fauteuil roulant manuel ou électrique, aujourd'hui avec la MDPH il faut entre douze et dix-huit mois. Et encore après l'arrivée de l'objet, qui semble miraculeuse à ce stade d'empilements de dossiers perdus et de contrôles X fois renouvelés, il reste encore X documents à échanger entre nos mutuelles, la Sécurité Sociale, le fond de Solidarité, le fournisseur de matériel… parce que évidemment la MDPH ne s'en charge pas, à quoi sert-elle puisque c'est son travail?- La loi du 11 Février 2005 et ses décrets d'application sont clairs sur cette question.

Inutile de vous dire que devant ce mur administratif une personne handicapée isolée, bien que titulaire de ses Droits de Citoyen Français a toutes les peines du monde à recevoir les bienfaits d'une Loi équilibrée - je le sais puisque j'ai modestement participé à l'élaboration de celle-ci en compagnie de Députés et Sénateurs. Pourtant sans l'appui et le soutien actif d'une autre personne - valide - la personne handicapée a peu de chance de se faire entendre par une administration et des commissions qui chercheront à lui imposer du matériel inadapté à ses besoins et des conditions de vie inadéquates.

La personne qui m'aide dans ma vie quotidienne et qui m'accompagne depuis longtemps, remplaçant souvent des personnels, infirmiers ou autres pourtant des professionnels payés par la Sécurité Sociale mais aux capacités aléatoires, cette personne donc c'est Danielle Prades.

Elle est montée au créneau plusieurs fois au sujet de l'importance de ce fauteuil roulant - prescrit par le Professeur Pierre Labauge - pour lequel j'en étais à mon quatrième dossier remis en main propre à la MDPH, Rue de Fez, et égaré par ses services compétents. On ne reçoit pas de réponses écrites à nos courriers, au téléphone la personne en charge du dossier est absente ou en réunion, quand vous vous présentez en personne pour demander des nouvelles de la procédure de votre dossier, l'on vous présente le document de trente pages que vous avez porté vous-même réduit à deux feuilles qui se battent en duel au bout d'une voix qui vous dit " Voici votre dossier " pour bien vous convaincre que vous êtes handicapé.

Au bout de treize mois de mépris, d'incapacité d'écoute, alors que la situation devenait dangereuse pour ma santé, Mme Prades m'a défendu avec toute son humanité, son caractère direct et trempé par des années de défense de personnes fragiles, ce qui ne paraît pas avoir d'intérêt pour des gens dont le rôle semble d'appliquer des règlements de gestionnaires à des êtres humains, comme s'il s'agissait de matériels auxquels correspondent des normes chiffrées, les plaçant de fait dans une situation quasi-tutélaire puisque la MDPH a le monopole des questions et des réponses sur les Personnes Handicapées. Par exemple, je suis sensé être employeur de salariés avec lesquelles j'ai des contrats de travail dûment signés et qui, éventuellement pourraient me conduire au Tribunal des Prud'hommes, dans le cadre de la prestation de compensation d'aide humaine ; or la MDPH s'est déjà permis de modifier les modalités d'application d'un contrat sans que ni moi ni ma salariée ne soient préalablement consultés… Question de Droit : un employeur handicapé est-il seulement " handicapé ", ou la discrimination exercée par la MDPH est-elle légale ? Cela relève plus de la justice que d'attaquer une personne, qui elle, défend une personne handicapée !

Pour en revenir à l'échange téléphonique pour lequel Mme Prades a été interrogée par la Police nationale au même titre qu'un délinquant responsable de l'insécurité générale régnant paraît-il dans notre beau pays de France, je me trouvais dans la même pièce au même moment. Il y avait du monde à la maison. L'échange fut vif et Mme Prades dû s'y reprendre à plusieurs reprises - calmement- avant d'avoir un interlocuteur capable de lui fournir simplement une date pour une commission. Puis j'ai entendu clairement des rires moqueurs de plusieurs personnes au bout du fil… Madame Prades s'est alors mise en colère, mais il y avait de quoi ! Elle a dit " quant on est devant des gens comme vous, je comprends que des jeunes puissent mettre des bombes ", ce que beaucoup de gens en colère laissent échapper. Il est bien évident pour toute personne normalement équilibrée, que Mme Prades, âgée de 67 ans, après des décennies de travaux auprès de personnes âgées ou handicapées, d'emploi hospitaliers, de sage-femme, de jeunes en difficulté, de mère de sénateur, de la veuve d'un grand professeur de l'école Normale, de dirigeant des renseignements généraux, de mère de ministre, de responsable de l'AFP au procès de Nuremberg, de la fille d'un gros actionnaire de l'Oréal, ne va pas aujourd'hui entreprendre une carrière de terroriste. Soyons sérieux ! Surtout que son livre de chevet est l'ouvrage de Jacques Chirac intitulé " Mémoires ", notre Président de la République qui a dit lors de la promulgation de la Loi du 11 février 2005 sur l'égalité des Droits et la Citoyenneté des personnes handicapées : " Battez-vous toujours pour défendre vos Droits, ne lâchez rien. ".

Principe qu'elle n'est pas prête d'oublier puisque la défense de son père Henri Prades, archéologue amateur, enseignant, savant, inventeur du Site archéologique de Lattara, découvreur de la présence Etrusques sur nos côtes depuis l'année 1963, qui a sauvé le site grâce à son salaire d'enseignant les premières années de fouilles, et qui s'est battu pour la création du Musée Archéologique où sont déposées toutes ses collections, n'est toujours pas terminée. C'est peut-être la raison pour laquelle cette Administration Départementale - MDPH - trouve une écoute intéressée dans les couloirs du Conseil Général de l'Hérault, promenade très prisée des archéologues officiels ennemis d'Henri Prades, pour faire de cette peccadille téléphonique un crime de lèse-majesté. Histoire de faire oublier que le coup de téléphone fait suite à une nonchalance des services de la MDPH dans une affaire où la santé d'une personne handicapée pâtit de ce retard grave !

Voilà, Monsieur le Procureur de la République, la remarque dont je tenais à vous faire part au sujet de ce procès scandaleux intenté contre mon amie et salariée Danielle Prades. Je n'admets pas qu'on lui reproche de se battre pour moi - et parfois pour d'autres - alors que des gens paraît-il professionnels et agissant au titre du Service Public manquent à leurs responsabilités. Je pense que vous conviendrez avec moi que cette accusation est injustifiée au vu de la gravité de la situation, qui laisse Mme Prades seule à assumer des difficultés que la MDPH devait alléger, ce qu'elle ne fait pas.

Attaquer Danielle Prades c'est m'attaquer moi. Aussi, je vous demande de me recevoir pour éclaircir tous les aspects non-dits de cette affaire qui n'en est pas une.

Recevez, Monsieur le Procureur, mes salutations respectueuses.

Pascal Doriguzzi