Ce texte est mon mémoire pour le Diplôme d'Etude Approfondie, diplôme d'Etat d'Histoire Contemporaine, écrit en 1987-1988 sous la Direction du Professeur Raymond Huard, et soutenu en Octobre 1988 à l'Université Paul Valéry - assesseurs Marianne Leulliez et Roland Andréani -; il a pour titre : "SOLIDARITÉ ET NATIONALISME DANS L’HÉRAULT (1914-1939)".
PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE
La solidarité est un terme définissant les relations entre chaque individu et la collectivité (1). Le mot peut revêtir divers sens politiques, et trouve sa place au début du XX° siècle dans la plupart des programmes politiques (radicaux, démocrates-chrétiens...) La III° République lui donne un contenu concret (loi du 17 juillet 1893 sur l’assistance médicale gratuite, loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail, loi du 14 juillet 1905 sur l’assistance aux vieillards, infirmes et incurables...) (2). La solidarité devient un fondement de l’idée républicaine (3).
Mais le terme "solidarité" a un contenu différent selon la période historique où il est utilisé. En temps de paix, il est un lien politique garantissant la cohésion nationale. Le conflit de 1914 à 1918 lui donne un contenu nationaliste solidarité envers les combattants et les victimes de la guerre est un devoir national. En temps de guerre, la doctrine si pacifique de la solidarité devient un militantisme nationaliste. Son contenu est une attitude humaniste de la société vis-à-vis des mutilés des tranchées.
L’effort matériel et idéologique de la nation vers la guerre fait des victimes des héros. L’aide s’organise dans le département de l’Hérault, comme dans tout le pays. Des associations voient le jour : Comité des vêtements chauds, œuvre des orphelins... (4). Chaque domaine d’activité fait l’objet d’une association (loi de 1901) (5). Les blessés sont accueillis, aidés, réintégrés. D’une part, la rareté de la main-d'œuvre assure du travail pour tous d’autre part, l’élan national impose la réintégration des défenseurs éprouvés (6). Dans le département de l’Hérault existent des écoles de rééducation professionnelle pour les blessés et veuves de guerre (7). Tout le département se mobilise dans des actions associatives ou des journées d’action à caractère plus nationaliste (La journée du poilu, la journée du petit drapeau belge) (8).
Il s’agit d’une solidarité réintégrant les mutilés dans les activités de la nation. Le contenu de la solidarité change après le conflit. La main-d'œuvre rentre du front, et les mutilés trouvent de moins en moins d’emploi. Le sentiment d’exaltation national face à l’ennemi est remplacé par les préoccupations des économies en temps de paix : la rentabilité et la productivité redeviennent des critères d’emploi défavorables aux mutilés, ainsi qu’en témoignent les débats préparatoires à la loi du 26 avril 1924 (9). La pression des associations d’Anciens Combattants réalise des transformations sociales qui aboutiront à des emplois réservés, des pensions, un statut de l’invalidité (10). Dans l’Hérault, les associations deviennent partie prenante de la législation d’après-guerre. L’élan militant qui marquait le temps de guerre est remplacé par l’intervention institutionnelle pour ce qui concerne les mutilés. D’une solidarité d’intégration (1914-1918), on passe à une solidarité d’assistance (1919-1939).
PLAN DE TRAVAIL
I/ SOLIDARITÉ DANS L’HÉRAULT
A/ SOLIDARITÉ ET NATIONALISME
B/ LES ANCIENS COMBATTANTS
C/ LE DÉPARTEMENT DE L’HÉRAULT
II- LES DÉBUTS DES ORGANISATIONS DE SECOURS DANS L’HÉRAULT
A/ SOLIDARITÉ NATIONALE DANS L’HÉRAULT
B/ LES MILIEUX SOCIAUX ET L’AIDE AUX VICTIMES DE LA GUERRE
III- L'APRÈS-GUERRE L’APRÈS-GUERRE DANS L’HÈRAULT
A/ COMITÉ DÉPARTEMENTAL DES MUTILÉS
B/ LES LOIS DE LA DÉMOBILISATION
CONCLUSION
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE.
I/ SOLIDARITÉ DANS L’HÉRAULT
La solidarité est une doctrine pacifique par nature. Elle se veut entraide, soutien des individus face aux duretés de la vie, discours réprobateur de l’égoïsme ou de l’étatisme. La première guerre mondiale donne à la doctrine l’épreuve du feu. Elle est l’occasion d’une solidarité envers les blessés et les combattants, exacerbée pendant le conflit d’un nationalisme renforcé par le péril commun et le déchaînement de force face auquel la solidarité peut seule souder les individus. Les mutilés sont une occasion d’unité nationale pendant et après les hostilités.
Les anciens combattants se groupent en associations dont la nature sociale n’est pas uniforme ; les activités premières sont une solidarité envers les camarades les plus éprouvés, sentiment que ne démentit pas la démobilisation et les préoccupations de l’après-guerre. Les conséquences du plus important mouvement associatif que le pays ait connu (3 millions d’inscrits en moyenne pendant vingt ans) sont les grandes lignes des réformes sociales qui feront l’État providence après 1945 (retraite du combattant, mutualité sociale, accès aux H.L.M., soins gratuits, etc.).
Le département de l’Hérault a ses organisations de secours, d’entraide, de solidarité. Des initiatives locales ou nationales y réalisent la solidarité de guerre, puis l’application des grandes lois sur les dommages de guerre.
A / SOLIDARITE ET NATIONALISME
Léon Bourgeois met en œuvre l’idée du "solidarisme" en 1897, il repense l’État en terme de contrat social à partir des fondateurs de la théorie (John Locke, Rousseau... (11). L’individu vient au monde en prenant part à un "quasi-contrat". Naître dans la société oblige l’individu à respecter ses lois et coutumes. Mais la société a une obligation envers l’individu : réparer les inégalités, remédier aux injustices et à la maladie, aider les victimes d’accidents ... L’État a pour mission d’organiser et de faire respecter ce "quasi-contrat". "Il (l’État) n’est rien d’autre que le garant de tous les contrats ; il devra donc donner à ceux qui sont créanciers et faire payer ceux qui sont débiteurs" (12). La justice distributive donne un contenu au fronton républicain : Liberté - libéralisme, Egalité - instruction, Fraternité - solidarité. La solidarité est une notion grâce à laquelle on peut tempérer positivement la liberté individuelle.
Des publicistes tels Duguit pensent la solidarité comme cadre légitime du droit positif. Cela concrétise, selon Hauriou, le fait que les hommes sont des êtres sociaux. C’est un renversement de la pensée sociale : le siècle des Lumières produit l’individu, sa propriété, sa sûreté A la fin du XIXème siècle on accepte l’idée que chacun dépend de la société, que selon Durkheim, "l’homme isolé n’existe pas". Rousseau fait du contrat social un lien entre la liberté individuelle et les contraintes de la vie sociale. Durkheim théorise une "solidarité organique", non un contrat. C’est un réseau d’interrelations où chacun enrichit la société dont il est un élément constituant, et reçoit quelque chose d’elle. La solidarité n’est plus un élément exogène du libéralisme comme sous la seconde République. Elle est désormais la trame de la société libérale. Elle devient la réponse enfin trouvée à opposer à la lutte des classes, permettant le progrès pour tous. Le solidarisme devient doctrine officielle sous la troisième République. Il ne s’agit plus de gérer une révolution en construisant une légitimité au niveau du "souhaitable", mais de réaliser des institutions au niveau du "possible" (14).
Les républicains croient en un progrès linéaire, et font du positivisme inspiré d’Auguste Comte (15) un élément important de leur politique. L’idéologie et la religion sont rejetées au profit d’un matérialisme pragmatique qui donne à la solidarité un contenu de droits positifs. L’État assure la protection et la gérance du contrat liant les hommes à la société - et entre eux - dans un système nourri de droits et devoirs réciproques. Le "quasi-contrat" d’Alfred Fouillée diffère cependant du contrat social de J. J. Rousseau : il reconnaît la préexistence du contrat à l’individu, dont la naissance constitue la signature. Le parti radical adopte officiellement le solidarisme en 1908, dans ses objectifs, son programme, ses discours. La morale radicale est imprégnée par "l’idée de justice, d’égalité, de droits réciproques" (16), même si elle se teinte de darwinisme ou d’une solidarité organique théorisée par l’école sociologique de Durkheim.
Positivisme bien sûr, "mais qui tient compte de la nature humaine toute entière, sans en excepter l’élément moral" (17). L’État n’est plus une puissance publique mais le conseil d’administration des hommes. "L’obéissance à la loi n’est pas une diminution de la liberté, c’est la simple reconnaissance d’une dette qu’il (l’individu) ne peut nier" (18). La raison d’être de la société est de créer des hommes libres et égaux en droit (19). Mais d’un droit de principe, il faut faire un principe de droit. La théorie politique radicale affirme le devoir de secours et de promotion des droits par la collectivité, intervention dans des domaines jusque là réservés par la philosophie, le dro
Le solidarisme n’a pas pour but l’Étatisation de la société. Il recherche la mobilisation de la société pour une morale "a-idéologique". Il lutte contre les injustices du libéralisme par des rapports d’association, de coopération, d’aide sociale. Entre le libéralisme et la révolution, une nouvelle morale politique peut rassembler la nation. De fait, la contrepartie idéologique de la solidarité semble chez Bourgeois, une cohésion nationale qui, face à la proximité d’un conflit devient très simplement nationalisme. La promulgation des lois sociales de Bismarck en 1883 en Allemagne provoque l’accusation de "socialisme d’État" par les radicaux français. Léon Bourgeois rapproche l’idée de solidarité du concept de "défense nationale" (20). Certes, il s’agit plus de défense sociale contre les risques de l’existence. Le proche avenir donne à la société l’occasion de vivre une expérience où la solidarité naît et s’exprime dans le cadre dramatique de la mobilisation (automne 1914), celui des interventions d’aide aux mutilés du front, enfin, celui des anciens combattants.
B / LES ANCIENS COMBATTANTS
Les associations d’anciens combattants sont nées pendant la guerre, autour de l’aide aux mutilés, malades du front, familles des victimes. En novembre 1918, elles se sont renforcées de centaines de milliers de combattants revenus du front. Elles se répartissent sur tout le territoire, surtout dans les communes rurales, d’où vient la majorité des poilus (aujourd’hui encore, il n’est pas un village, voire un hameau qui n’ait un monument aux "enfants morts pour la patrie"). 70 à 80 % des anciens combattants ont la carte d’une association de solidarité.
Les dirigeants de ces groupes sont souvent de grands mutilés qui ont souvent plus de temps (et de meilleures pensions pour s’occuper du fonctionnement administratif). Les dirigeants départementaux et nationaux appartiennent souvent à la petite bourgeoisie, quelques fois à la grande. Le mouvement des anciens combattants regroupe 3 millions d’encartés. Sa caractéristique est la possibilité d’expression que trouvent des gens modestes, provinciaux, mutilés... Certes, l’adhésion procure toutes sortes de facilités (retraite, soins, dont les dossiers sont accélérés, logement, colonies de vacances, sanatoriums... ) L’adhésion est avant tout une sociabilité, un rapport social. Se retrouver entre copains que rapproche le traumatisme commun, aider les amis ("on ne laisse pas tomber un camarade éprouvé") (21), organiser des voyages, participer à un congrès... Les fêtes communales sont confiées aux associations d’anciens combattants. Les cérémonies collectives (bals, fêtes, sports...) sont la spécialité des poilus.
Dans la France "laïcisée" depuis 1905, la "liturgie" des cérémonies du souvenir, des minutes de silence, sert de lien commun entre tous ces hommes dont peu dépassent trente ans à l’armistice. Laïc par excellence, le mouvement ancien combattant est faiblement politisé. Si les deux plus grosses organisations françaises que sont l’U.N.C (Union Nationale du Combattant) et l’U.F. (Union Fédérale) sont, la première "droitière", la seconde de "tendance radicale voire socialiste", les organisations politisées font un score médiocre (F.N.C.R., F.O.P., A.R.A.C.) (22). La raison est que les petites fédérations qui sont une myriade et composent les grosses formations, évitent de se concurrencer localement. Cela permet les adhésions multiples et massives.
Les organes de solidarité ne pèsent pas le poids politique que leur masse permettrait. Certes une direction politique scinderait le mouvement en raison justement de sa diversité. Les fractions "boulangistes", nationalistes, voire fascistes, sont très minoritaires. La seule caractéristique politique entre les poilus est le pacifisme ; les articles de presse tels ceux du "Combattant sanglier" (&), font apparaître un dégoût de la guerre, le refus que cela recommence. Dans les années trente, le mouvement ancien combattant est traversé de tensions : lutte d’influence entre l’U.N.C. et l’U.F., les ligues du 6 Février 1934, la réforme de l’État (23), le Front Populaire de Juin 1936, l’Anschluss, Munich... Le mouvement oscille entre sa vocation pacifiste, et l’appel contre l’Anschluss et le péril allemand...
Sur le plan matériel, les associations imposent des réformes sociales importantes la loi des pensions, les emplois réservés, la retraite du combattant, les retraites mutuelles, le statut des grands invalides, les offices nationaux, les Caisses de retraite et de secours... Tous ces apports préfigurent l’État providence (24) d’après 1946 ; les écoles de rééducation sont ouvertes aux invalides, les soins gratuits deviendront la sécurité sociale, le carnet médical des pupilles de la nation deviendra le carnet de santé scolaire ... Toutes les mesures législatives et administratives concernant l’invalidité (aujourd’hui le handicap), ont à voir avec les réalisations des anciens combattants. Les conséquences sociales sont énormes. Mais elles sont aussi politiques. L’U.N.C. réalise la plus grande part de l’organisation de la journée du 6 Février 1934 ; l’U.F., elle, se dissocie du mouvement. Lors du Front Populaire, le mouvement ancien combattant joue un rôle important dans la continuité politique. De plus, les réformes sociales de Juin 1936 rejoignent les aspirations des anciens combattants : retraites, congés payés, sécurité sociale...
Il existe de nombreuses associations d’anciens combattants : la Fédération Ouvrière et Paysanne, la Semaine du Combattant, la Ligue des droits du Religieux Ancien Combattant, par exemples. L’U.N.C. et l’U.F. sont les fédérations les plus importantes (860 000 adhérents pour l’U.N.C. en 1932, 950 000 pour lU.F.) (25). L’U.N.C. est fondée après l’armistice et réunit de multiples associations départementales. Elle est très hiérarchisée, car d’initiative "centralisée". Entre l’échelon départemental et national, existent "les zones", élément hiérarchique nécessaire au fonctionnement d’une organisation nationalement structurée. L’U.N.C. sépare les organisations de mutilés des anciens combattants valides, contrairement à l’U.F. (26). L’Union Fédérale est née pendant la guerre, le 11 Novembre 1917, au congrès du Grand Palais. Elle est une fédération au sens propre, c’est-à-dire d’initiative "locale", et regroupe des associations départementales apportant leur adhésion. Les fédérations de l’U.F. réalisent un regroupement "vers le haut". Contrairement à l’U.N.C., l’U.F. rassemble mutilés et combattants valides dans les revendications. La division du mouvement combattant affaiblit sa capacité politique. L’A.R.A.C. (extrême gauche) parle de "faire de l’action civique au dessus des partis" dans sa revue "l’Eveil du combattant". La lutte contre la division, les luttes internes pour donner au mouvement un sens politique, mènent des hommes modérés à tenir des propos très durs : Ernest Pezet au congrès de L’UNC. à Vichy en 1923 exhorte les combattants à sauver le pays, à ne pas l’abandonner, à remplir la mission nationale de veiller sur la patrie, sur la paix sociale et civique. L’abandon et la perte du devoir civique est bien sûr l’oeuvre de la politique partisane... (27) (Ernest Pezet est démocrate-chrétien). G. Pineau en Juillet 1922 exhorte les anciens combattants à reprendre leur virilité contre "une foule de ramollos pourris au moral et tarés au physique (qui) détiennent des fonctions qu’ils ne méritent pas. Nous n’avons pas à trembler devant cette pourriture, nous sommes le nombre, nous sommes la force." (28)
C / LE DEPARTEMENT DE L’HERAULT
La solidarité dans le département de l’Hérault est marquée pendant le conflit par une activité très forte des initiatives locales pour l’aide aux victimes de guerre, au niveau des mutilés. L’intervention d’initiative nationale la teinte de nationalisme ("La Cocarde du Souvenir", "La journée du poilu"), malgré la prédominance dans l’Hérault de l’Union Fédérale dès Novembre 1917 (l’U.F. est de tendance radicale et rassemble des personnalités telles R. Grasset, M. Vernière, C. Flahaut) (20.). À partir du 25 Janvier 1917, la préfecture de l’Hérault recense une vingtaine d’associations de secours à un titre quelconque d’aide aux combattants, ou aux mutilés (Le Comité belge, le Comité départemental d’aide aux prisonniers, l’Association biterroise de prévoyance) (30).
L’État joue un rôle plus important pour la rééducation professionnelle et l’emploi. A la fin de la guerre, L’U.N.C. (Union Nationale des Combattants, droitière) s’implante dans l’Hérault, mais l’U.F. reste largement majoritaire. Toutefois, les personnalités locales de l’U.N.C. lui confèrent un rôle non négligeable. Le "Comité Départemental des Mutilés et Réformés de l’Hérault" est affilié à l’U.F. Il participe chaque année au congrès où il fait un compte-rendu de ses activités. Il travaille en étroite collaboration avec les institutions de l’État pour la mise en oeuvre des lois d’après-guerre.
Le problème des mutilés à la démobilisation résulte à la fois du caractère souvent problématique de la réintégration du fait de l’invalidité, et de la spécificité de l’ancien combattant par rapport aux autres (même non mutilés). Après la guerre, la réintégration des mutilés fait l’objet de lois et initiatives nationales sur lesquelles les associations de combattants font pression (emplois réservés dans les arsenaux ou les administrations, lois du 1° Janvier 1923 et du 26 Avril 1924 sur l’emploi des mutilés ... Malgré cela, l’emploi demeure un domaine peu accessible aux mutilés. Les patrons embauchent les mutilés qu’ils connaissent. Pas les autres. Pendant le conflit, la pénurie de main d’oeuvre assure aux mutilés des postes et des salaires. La démobilisation permettra à la vie civile de reprendre ses droits et la rentabilité, la concurrence prennent le pas sur la solidarité de la mobilisation. Les pensions sont plus accessibles (grâce aux associations) que les emplois, quand un mutilé isolé n’est pas réduit à la mendicité (31). Il semblerait que la solidarité en temps de guerre ait une capacité d’intégration des victimes de la mobilisation nationale, mais que les priorités de l’économie en situation ordinaire lui donnent un autre sens.
II/ LES DÉBUTS DES ORGANISATIONS DE SECOURS DANS L’HÉRAULT
Le département de l’Hérault est situé dans la 16ème région militaire pendant la 1° guerre mondiale. Il est sous la responsabilité du général Ferrié. Le département comme le reste du pays voit des milliers de jeunes gens partir sur le front défendre les valeurs que l’école républicaine leur a inculquées (32). Beaucoup ne reviendront pas. Certains auront la chance de retrouver leur famille, leur travail, leur terre natale... (33). Une autre catégorie reviendra en portant la trace visible de ce qu’était la guerre des tranchées : aveugles, blessés, mutilés à vie, malades chroniques... Entre 1916 et 1924, les divers comités et institutions officielles recenseront entre 12 000 et 13 000 mutilés de la bataille (34).
Dès 1914, les victimes commencent à arriver. Les familles ne peuvent supporter seules l’entretien et le manque de ressources des mutilés. Des associations se forment immédiatement : "Oeuvre de secours en gare de Cette", "Vestiaire des orphelins de la guerre" à Montpellier, "Œuvre de la Cathédrale St Nazaire" à Béziers ... Dans l’Hérault comme partout en France, le nombre et la diversité de ces initiatives obligent le gouvernement à réglementer le mouvement : la loi du 30 Mai 1916 dans son article 21 oblige les oeuvres de aide aux mutilés de la guerre à déclarer leur bilan financier et leur domaine d’activité au préfet de département. L’arrêté du 25 Janvier 1917 soumet ces associations à l’autorisation préfectorale. Les buts sont coordonner les activités, recenser les besoins, rationaliser les subventions, contrôler l’utilisation des sommes gérées par les associations.
A / SOLIDARITE NATIONALE DANS L’HERAULT
Les associations sont formées de toutes les professions, origines sociales, sans distinction politique (les syndicats sont présents dans les mutuelles qui participent aux activités des mutilés) (35). Le recours à des personnalités (maires, parlementaires, officiers...) dans le bureau d’une association peut avoir des effets positifs sur la demande de subvention et garantit la moralité du groupement. Le recours à diverses sources de financement est la règle générale : charité, "ventes au profit", fêtes, journées d’action, ...
- L’"œuvre des mutilés de la guerre" dépose sa déclaration à la préfecture de Montpellier située 3, rue Rosset. Elle paraît au Journal Officiel le 18 Mai 1915 (page 3181) (36). Le comité d’action est constitué par Paul Pezet, maire de Montpellier, Pierre Sachet, conseiller à la Cour de Cassation, le Général Ferrié commandant la 16ème région militaire, Louis Neyre, sénateur, des conseillers généraux, des médecins, etc. Son but est de subventionner l’administration des hospices de Montpellier et l’école professionnelle des blessés. La cotisation est de 10 francs, payable à M. Arnavielle, 8, Grand-rue (chambre de commerce) à Montpellier. Elle commence avec une tombola organisée par Mme Pezet et la femme du préfet Duau (37). Le préfet adresse une lettre au ministre de l’intérieur le 10 Mai 1915 et obtient une subvention. Le bilan du Comité de la guerre du 24 Octobre 1916 est de 164 809,35 francs (pour l’époque, la somme représente presque un an de fonctionnement de l’administration de l’hospice). Paul Pezet demande l’autorisation officielle 1/2/1917, et l’obtient le 10/2/17.
- Le "Comité Belge" créé en Septembre 1914 est présidé par M. Ruyters. Sa raison est l’envoi de biens et argent aux soldats son siège est 6, rue du gymnase à Montpellier et à la villa Mireille, Chemin de Nazareth à partir du 30/5/1917. Le bilan financier est de 25 908,75 francs au 9/2/1917. (Le Comité Belge organise des conférences d’information dites "Conférences Gaillard", sur les combats, afin de réunir des fonds) (38).
- L’"Association des Alsaciens lorrains" est présidée par Gaston Swarz, et siège 9, boulevard de l’Esplanade à Montpellier. Sa raison est d’aider les familles à trouver du travail en l’absence du soutien de famille. Pour trouver des moyens, elle organise quêtes, concerts, souscriptions... M. Glasver, le trésorier présente 8 698,45 francs au bilan d’Octobre 1916 (39).
- Créé le 14/10/1914, le comité de secours aux blessés, présidé par M. Ricateau, avocat à Béziers, s’occupe des paquetages d’hiver à envoyer au front (chandails, chaussettes), et entretient un hôpital mobile. Le 13/2/1917, son bilan financier est de 126 337,96 francs (40).
- L’"Association d’aide aux victimes de la guerre" est présidée par M. Marchand, inspecteur d’académie. Constituée d’enseignants, elle contribue au financement de centres d’aide, écoles, hôpitaux... Son bilan financier est de 21 964,15 francs le 8/2/1917 (41).
- Le "Comité Départemental d’Aide aux prisonniers français" créé le 3/9/1915, sous l’impulsion de l’État est géré dans l’Hérault par M. de Manoël Saumane. Il fonctionne surtout par les subventions et rassemble des conseillés généraux, des juristes, etc. (42).
- Les associations suivantes, déclarées suite à la loi du 30 Mai 1916, sont reconnues par la préfecture de l’Hérault, reçoivent subventions et soutiens (locaux, publicité, aides en personnel...), après le 25 Janvier 1917 (43) : ·
* "Union des pères et mères dont les fils sont morts pour la patrie", Président M. le professeur Grasset, 6 rue J. J. Rousseau à Montpellier. ·
* "Réunion de couture", Présidente Mme A. Bulher à Béziers. ·
* "Oeuvre de secours en gare de Cette", Présidée par Mme Lehman, 3, rue Jean-Jacques Rousseau à Cette. ·
* "La journée de l’Hérault" (comité de), Président C. Causel, préfet de l’Hérault à Montpellier. ·
* "Oeuvre de la cathédrale St Nazaire", Président M. Jules Gayraud, rue de l’Argenterie à Béziers. ·
* "Comité Belge de secours aux réfugiés", Président M. Ruythers, villa Mireille, chemin de Nazareth à Montpellier. ·
* "Vestiaire des orphelins de la guerre", Présidente Mme Bérard, 1, rue de la Monnaie à Montpellier. ·
* "Comité Départemental de secours aux victimes de la guerre", Président M. Marchand, inspecteur d’académie à Montpellier. ·
* "Prisonniers de guerre français" (Comité départemental de secours), Président de Manoël Saumane, Procureur général, 2, rue Stanislas Digeon à Montpellier. ·
* "Comité Départemental des réfugiés", idem précédent. ·
* "Militaires réformés pour tuberculose" (Comité départemental d’assistance), Président Michel Vernière, Président du Conseil Général à Montpellier. ·
* "Association des Alsaciens lorrains", Président M. Swartz, 9, Boulevard de l’Esplanade à Montpellier.
* "Soldats aveugles et aveugles de guerre" (écoles ateliers), Président M. Truc, rue du Carré du Roi à Montpellier. ·
* "L’abri du soldat" Président M. Gachon à Montpellier, doyen honoraire de la faculté des lettres à Montpellier. ·
* "Œuvre méridionale des orphelins de guerre", Président M. le Professeur Flahault, Institut botanique Jardin des Plantes, à Montpellier. ·
* "Œuvre des mutilés de la guerre", Président M. Pezet, maire de Montpellier, député. ·
* "Le foyer du soldat", Président M. Peyraube à Lunel. ·
* "Soldats en région envahie" (Comité d’assistance aux), Président M. le Marquis de Forton, 16, rue Jacques Coeur à Montpellier. ·
* "Comité des réfugiés de Béziers", Président M. Charles Roques, maire de Béziers. ·
* "Les parrains de l’arrondissement de Béziers", Secrétaire général M. Texier François, 3, rue Puits des Arènes à Béziers. ·
* "Association biterroise de prévoyance", Président M. Charles Viennet, 27, rue Pélisson à Béziers. ·
* "Œuvre des vêtements chauds", Président M. Gaillard Achille, rue Montmorency à Béziers. ·
* "Soldats blessé" (Comité de secours aux), Président M. Ricateau, avocat à Béziers.
B/ LES MILIEUX SOCIAUX ET L’AIDE AUX VICTIMES DE LA GUERRE
Les associations d’aide aux victimes de guerre rassemblent toutes les couches sociales de la bourgeoisie radicale (M. Grasset, M. Flahault), aux conservateurs (M. de Manoël Saumane, M. le Marquis de Forton), en passant par les groupes des conférences "Gaillard" (Comité Belge), ou "Les parrains de l’arrondissement de Béziers" et "L’union des pères et mères dont les fils sont morts pour la patrie" qui réunissaient des personnalités locales et des gens modestes. Ce phénomène est le résultat à la fois du sentiment de solidarité nationale face aux drames des mutilés, des campagnes nationales visant à l’adhésion derrière l’effort militaire. L’exhortation au courage des poilus va de pair avec une solidarité imprégnée de culpabilité nationale (le débat parlementaire sur l’aide aux mutilés transcrit cette subjectivité) (44).
La solidarité nationale permet la réalisation d’écoles professionnelles, ateliers, dans les domaines artisanaux, agricoles, que l’effort de guerre interdisait aux institutions de réaliser seules. L’association Valentin Haüy réunit les départements du Gard, de l’Ardèche, de l’Aude, de la Lozère, des Pyrénées, du Tarn, crée une école - atelier pour les soldats aveugles, grâce à la générosité publique. Au 23/10/1916, son bilan est de 7 092,75 francs, ce qui est peu par rapport aux objectifs. L’arrêté du 10/3/1917 fait de cette école un élément de la future politique institutionnelle (la loi du 30 Mai 1917 organise la charité publique). L’Association Valentin Haüy est présidée par le professeur Truc. Son comité d’action rassemble Tissié Alphonse (propriétaire), Maury Fernand (professeur), Truc Hermantaire (professeur). Le salaire du personnel enseignant va de 85 à 150 francs et 50 francs pour le personnel administratif (45). L’École Professionnelle des Blessés et Veuves de Guerre (1920-27) dépend de "l’hospice civil et -militaire de Montpellier". A l’origine, la formation avait lieu à l’atelier de tournage de l’hôpital général (1916-17). Le 20 Octobre 1916 l’école est rattachée à la commune. La comptabilité est assurée par un "receveur des hospices", fonctionnaire rémunéré par les services de l’État (préfecture), et le conseil général (46). La formation des mutilés vise aux emplois agricoles en priorité.
En effet, le gros des troupes est d’origine paysanne et les campagnes manquent de main d’oeuvre. D’autre part, le patronat industriel est réticent pour l’emploi des mutilés (Voir la réaction du "Comité des Forges" à la proposition du député. Pressemane, le 7 Octobre 1915, pour l’emploi des mutilés) (47). La Société Nationale de la main d’oeuvre agricole (Fernand David) incite le gouvernement à proposer que les offices de placement industriels et commerciaux s’occupent aussi de l’agriculture. "Le petit Méridional" du Lundi 14 Août 1916 consacre un article à "l’école gratuite de rééducation et d’instruction complémentaire agricole et professionnelle des mutilés de la guerre" (48). Le secours aux victimes des combats est un indéniable facteur d’unité nationale par le devoir patriotique qu’il représente. Le rapport entre des couches sociales différentes qu’il instaure conforte le nationalisme radical exprimé avant-guerre par Léon Bourgeois (49). Le rapport Strauss au Sénat du 4 Juillet défendant à tout prix le sol national, contre la barbarie allemande.
- "La Cocarde du Souvenir" organise des journées où l’on entretient les cimetières, où l’on dit des messes aux disparus, et des cérémonies militaires. Ces actions sont périodiques (environ une par mois) à partir de l’hiver 1915 (50).
-"Les journées du poilu" organisent des journées marquées par des tombolas, bals, quêtes, donations diverses (vins, vêtements), dont les bénéfices vont aux poilus sur le front (51). Cette association est à l’initiative du Parlement. Les journées du 25 au 26 Décembre 1915 veulent envoyer dans les tranchées de quoi fêter Noël. Celle du 31 Octobre 1915 est illustrée par un dessin du peintre Willette un soldat rentre du front et retrouve son épouse, derrière laquelle on voit une machine à coudre : la femme assume seule l’absence de l’époux... La légende "Enfin seuls !" illustre le visage marqué par les durs combats, et le soulagement de la femme après l’angoisse passée. Ce dessin grandeur nature fut affiché dans tout le pays pour illustrer la "journée du poilu" (52). Dans les départements des actions locales ont lieu.
- La "Journée de l’Hérault" du 15 Octobre 1916 au profit des oeuvres de guerre, aidait les associations du département (53).
III/ L’APRÈS-GUERRE DANS L’HÈRAULT
Après la guerre, les activités de solidarité militante obtiennent une institutionnalisation par voie législative et réglementaire. Les associations travaillent comme rapport entre mutilés, veuves, ascendants et administrations. Elles sont en liaison avec le "comité départemental des mutilés, réformés, veuves et ascendants de l’Hérault", institué par l’article 5 de la loi du 2 Janvier 1918. La guerre terminée, la mobilisation nationaliste se manifeste dans les commémorations. L’aide aux victimes des tranchées est désormais du ressort de 1’État. Les associations départementales ont pour tâche l’application, le contrôle, l’information de l’administration et des administrés, pour l’entrée en vigueur des lois :
- Loi du 17 Avril 1916 sur les emplois réservés aux mutilés N°1 dans les arsenaux militaires et les administrations (54).
- Loi du 2 Janvier 1918 réformant les pensions militaires et organisant l’application des lois de solidarité (création de l’office National des Mutilés et Réformés -article 5-).
- Loi du 31 Mars 1919 sur le secours aux blessés et malades de la guerre, veuves et orphelins, ascendants restés dans le besoin du fait de la mort des fils...
- Loi du 10 Janvier 1923 reprenant des mesures propres à aider les ascendants des victimes de guerre, morts ou mutilés.
- Loi du 26 Avril 1924 assurant l’emploi des mutilés; obligation d’embauche de mutilés pour les entreprises et allocation de "tierce personne" pour les ouvriers dont l’état l’exige.
A/ LE COMITE DÉPARTEMENTAL DES MUTILES...
Le "Comité ,Départemental des Mutilés, Réformés, veuves et ascendants de l’Hérault" présente chaque année un rapport sur l’application de la loi du 2 Janvier 1918. Le champ d’application recouvre des domaines très divers: écoles, placements, etc., aides diverses... Les rapports au congrès de l’Office National présentés par Jean Négret le 22/3/1924 et le 19/4//1925 constituent des inventaires détaillés de leurs activités (55). L’organisation du "Comité départemental des mutilés, réformés, veuves et ascendants de l’Hérault" (C.D.M.R. de l’Hérault) comprend :
- Comité d’administration : 11 membres,
- Commission de rééducation : 11 membres,
- Conseil de préfecture : 11 membres.
Il existe un conseil supérieur national des C.D.M.R. Le C.D.M.R. de l’Hérault est présidé par le préfet. Il réunit, outre les instances déjà citées :
- des militaires,
- des représentants du Conseil Général de l’Hérault,
- des médecins,
- des représentants des institutions concernées.
Le rôle du C.D.M.R. est la mise en oeuvre et le contrôle de résultat des dispositions légales d’une part, l’harmonisation des pratiques administratives d’autre part. Chaque année, l’Office National des mutilés (fédération associative associée au fonctionnement des C.D.M.R.) effectue un bilan de l’action et les perspectives pour l’année à venir. Les listes des rapports évoquent les réadaptations, placements, allocations diverses, indemnités et fournitures diverses...
Cependant, deux remarques concernent, l’une la population concernée, l’autre la nature des problèmes de certains mutilés :
ANNEES 1924- 1925
MUTILES 12 000 - 12 000
VEUVES 4 000 - 6 000
ASCENDANTS 6 000 - 10 000
SECOURS DIVERS 995 - 1 784
BONS DE REPAS 630 - 687
Le nombre de mutilés reste à 12 000, alors que les veuves passent de 4 000 à 6 000. Des combattants sont devenus invalides suite à l’aggravation de leur État, et sont classés "mutilés" par l’administration (gazés, malades chroniques). D’autre part, certains ayant droits mettent du temps pour obtenir les droits des mutilés de guerre. Ceux-là suffisent pour combler le déficit des 2 000 personnes laissant des veuves. Cette hypothèse est confirmée par le nombre des ascendants qui passe de 6 000 à 10 000. Les front n’avaient guère plus de trente ans l’armistice, et les parents des victimes (tués ou mutilés) deviennent indigents du fait de leur absence. De plus, la loi du 10 Janvier 1923 élargît les dispositions de la loi du 31/3/1919 aux parents d’enfants mutilés incapables de subvenir à leurs besoins. Les rubriques "secours divers" et "bons de repas" sont en sensible augmentation. La raison en est :
- Les mutilés qui n’ont pas de "milieu social ou familial d’origine" facilitant leur réadaptation sont voués au placement ou à la misère, c’est-à-dire à l’échec. En témoignent les lettres d’élus locaux aux préfets et les rapports de préfets au ministère de l’intérieur (lettre du 8 Décembre 1924 du préfet de l’Hérault) des combattants des tranchées sont réduits à la mendicité, et "bons de repas", des tickets de chemin de fer, des achats de vêtements (56).
- Si pendant les hostilités les mutilés étaient au coeur de l’unité nationale et sa mobilisation, dans l’après-guerre, les priorités d’une économie en temps de paix s’imposent à nouveau. Les travailleurs mutilés sont relégués au rang "d’emploi humanitaire" par le retour du front des travailleurs non-mutilés.
De ce fait, l’attitude du patronat évolue : salaires diminués, embauche difficile même si de grandes entreprises adaptent des postes par le taylorisme (Renault, Citroën) (57). À l’exaltation nationaliste où la réadaptation sociale et l’intégration professionnelle des mutilés va de soi, succède la paix où, le temps passant, le mutilé redevient "une charge à entretenir", "un infirme à occuper", "un problème" (Discours du Sénateur Japy lors du débat préparatoire à la loi du 26 Avril 1924 assurant l’emploi des mutilés). On s’éloigne des belles déclarations du député Puech lors des travaux préparant la loi du 31 Mars 1919 et qui commencèrent en 1916 : "La France ne saurait monnayer sa reconnaissance à ceux qui ont porté si haut la grandeur de son nom, ni la rançon de sa gloire".
Les préfectures sont très actives dans l’application des lois. La préfecture de l’Hérault située 3, rue Rosset à Montpellier, envoie, par exemple, une lettre aux maires du département le 1° Octobre 1923. Elle demande des informations sur les veuves et mutilés des communes, afin d’ajuster les moyens en prêts, matériels, argent ; une lettre du préfet au maire de Lunel demande des renseignements sur une séance du Conseil Municipal consacrée aux mutilés, afin de prévoir un budget additionnel (Lettre du 26 Février 1927) (59). Des emplois sont réservés aux mutilés classés selon la loi du 31 Mars 1919, par exemple la gérance des débits de tabac. Une liste de vacances de bureaux de tabac est affichée à l’attention des mutilés, le 7 Juillet 1926 à Campagnan, Plaissan, Usclas d’Hérault. Une autre paraît le 16 Novembre 1923 sur Cournonsec, Olonzac, Pierrerue (60) .
B / LES LOIS DE LA DEMOBILISATION
La loi du 31 Mars 1919 embrasse les problèmes du revenu des victimes de la guerre ; les elle comprend les indemnités des combattants, les pensions des veuves et orphelins, les dispositions financières de l’aide quotidienne, de l’éventuel placement, les indemnités des ascendants, les procédures de recours. De futurs textes y sont prévus pour les ascendants et l’emploi des mutilés. Les travaux parlementaires ont eu lieu pendant la guerre. Cela marque la loi du souci d’unité nationale et d’unanimité, de responsabilité, de dette du pays envers les mutilés.
1) La loi du 31 Mars 1919
Une commission extraparlementaire est réunie par M. Ribot, alors ministre des finances. Cette commission prépare une réforme et le gouvernement dépose un projet de loi relatif aux "pensions des armées de terre et de mer", le 4 Novembre 1915. Le 21 Juillet 1916, M. Pierre Massé dépose un rapport "entre les mains" du président de la Chambre des Députés. La discussion publique commence à la Chambre le 22 Novembre 1917, soutenue par Georges Lugol devenu rapporteur. La première discussion prend fin le 5 Février 1918. Le Sénat ouvre le débat le 17 Septembre 1918. Après une navette, la Chambre des députés amende le texte le 27 Décembre 1918. Le Sénat vote le projet de loi à l’unanimité le 28 Mars 1919. La loi dite du 31 Mars 1919 est publiée au Journal officiel le 2 Avril 1919. Les votes successifs de la loi réalisent l’unanimité sans exception. Les traumatismes de la bataille de 1914-1918 sont tels que les partis politiques expriment une attitude commune pour aider les défenseurs de la nation les plus éprouvés. Les conséquences humaines risquent de voir des combattants réduits à la misère, les familles des morts au front sans ressources.
La première discussion (du 22 Novembre 1917 au 5 Février 1918) fait paraître un sentiment de responsabilité nationale qui fait dire à M. Louis Puech (radical-socialiste) que "La France ne saurait marchander aux héros qui. ont porté si haut et si loin la splendeur de son nom, ni le prix de son salut ni la rançon de sa gloire". Ces élans rhétoriques sont le fruits des partisans du gouvernement comme de l’opposition: MM. Goude, Valiére, Bétoulle, Puech, (&) pour ne citer que ces intervenants, témoignent de la solidarité derrière les conséquences de la guerre. L’opposition ne fait que :
1°) relever les taux et montants des aides proposées,
2°) effacer les distinctions entre les victimes de blessures (réformés n° 1), et les combattants atteints de maladies (réformés n° 2). M.
Moutet (Radical-Socialiste) obtient l’effacement de la différenciation entre les officiers engagés (de métier) et les rapportés (mobilisés). Malgré M. Goude (Socialiste), le grade du blessé sert au calcul de la pension, reprenant une disposition de la loi de 1831. La discussion reconnaît "la dette de la nation vis-à-vis de ceux qui ont tant sacrifié pour la défendre" (J.O. Chambre du 5.02.I9I8, M. Louis Puech page 309) - à ce sujet, voir le J.O. du 17 Décembre 1917 -.
Le Sénat est plus paternaliste vis-à-vis des mutilés des tranchées Henri Chéron cite une pétition d’association au Sénat, le 17 Septembre 1918. "Vous nous écouterez, disaient les pétitionnaires, vous qui êtes l’assemblée des grands-pères." La séance du 28 Mars 1919 examine la loi article par article, et reprend la notion de "dette de la nation" (M. Cazeneuve, rapporteur de la commission des finances), "responsabilité de la patrie". Là encore, les critiques et oppositions traitent sur la quantité, la manière, mais aucune voix ne manque à l’unanimité. Le Sénat comme la Chambre des députés définissent la population concernée par les termes "mutilés" (séance du 22 Novembre 1917 et suivantes de l’Assemblée). La loi vise les mutilés de la guerre. Au départ, elle fait des distinctions entre les blessés (réformés n°1) et les malades (réformés n°2), les soldats de métier et les civils mobilisés. Des amendements unifient ces considérations et l’on parle plus "d’invalides" que de "mutilés".
Le principe de fixation des pensions d’invalidité est celui de la loi du 9 Avril 1898 sur les accidents du travail 1’invalidité est le taux de la pension. Le projet de loi abroge la décision ministérielle du 25 Juillet 1887 qui établit une classification des infirmités prévoyant 6 classes d’infirmités et 4 tarifs les commissions de réforme fixent le taux d’invalidité (61). La loi conserve le principe de distinction du grade pour les pensions d’invalidité militaire le grade joue un rôle dans la fixation des indemnités. La loi présente des tableaux de pensions d’invalidité. L’ordonnée est le grade, l’abscisse le taux d’invalidité. Le point ainsi déterminé correspond à une somme qui sera le montant du droit. Le taux d’invalidité est fixé par rapport aux capacités professionnelles de l’invalide. Le rendement, la possibilité de pourvoir à ses besoins fixe le taux d’invalidité (Assemblée Nationale du 5 Février 1818, p.306). MM. Goude et Louis Puech font allusion à l’extension de la loi en temps de paix et son utilisation civile à l’Assemblée Nationale du 27 décembre 1918..
La Chambre des Députés du 5 Février 1918 (voir J.O. des débats) prévoit les dispositions pour la rééducation professionnelle allocation compensatrice pour le défaut de rendement :
- appui des initiatives locales d’aide aux contrats d’apprentissages (Saône et Loire de M. Bouveri),
- somme prévue pour les ouvriers qui ont besoin d’une tierce personne.
M. Pressemane désirait que les employeurs et les invalides s’entendent librement sur le salaire, craignant que l’intervention de l’inspecteur du travail ne gêne l’embauche des invalides. L’Assemblée n’a pas retenu l’amendement. La loi du 26 Avril 1924 assurant l’emploi des mutilés de la guerre est réalisée après la fin des hostilités. La fièvre de l’unanimité face à l’ennemi commun retombe. Les habitudes de temps de paix reprennent leurs droits, et la confrontation des intérêts particuliers redevient le moteur essentiel de la société (62). Le temps de guerre a assuré des emplois aux mutilés dans les arsenaux militaires, les chantiers navals, les secteurs industriels et agricoles où la main d’œuvre mobilisée manquait (lois Pressemane). Le temps de paix a d’autres préoccupations : économie, concurrence, libéralisme, lutte où des hommes transformés en "problèmes sociaux" sont, plus à tort qu’à raison, réputés moins rentables. Les travaux préparatoires oublient "ces héros qui portèrent la grandeur de la France". "Ceux qui ont tant sacrifié pour défendre la patrie" (Sénateur Cazeneuve, le 28 Mars 1919) deviennent une "charge pour l’industrie", des "infirmes à occuper" (M. Japy, Sénat le 13/4/1924).
2) La loi du 26 Avril 1924
Parue au Journal officiel du 29 Avril 1924, la loi s’adresse aux mutilés bénéficiaires de la loi du 31 Mars 1919 (article 10), et aux accidentés du travail définis par la loi du 9 Avril 1898 (article 31). les emplois sont fournis à titre d’essai pour une durée de un an avant la titularisation ou la fourniture d’un nouvel emploi. Toute entreprise de plus de 10 salariés doit embaucher des mutilés à concurrence de 10% des effectifs (+ 15 salariés pour les exploitations agricoles.
L’article 5 oblige les entreprises à déclarer leurs effectifs dans la première quinzaine de Janvier. Le préfet dispose alors des informations.
L’article 13 institue une commission départementale délivrant un certificat (facultatif) de capacité professionnelle (un employé à + 80 % d’invalidité compte pour deux unités).
Le Sénat du 13 Avril 1924 dans sa 2e séance voit M. Maurice Sarraut (député radical rapporteur du projet), combattu par Mrs Gaston Japy et Dominique Delhaye, défendant la liberté de l’industrie. P. 862, M. Japy dit que "l’industrie a la charge d’entretenir et d’occuper les mutilés". Page 865, il pense que les mutilés trop payés excitent la jalousie de leurs camarades. Puis la discussion tourne autour de l’attitude des services publics en la matière.
M. Sarrault rappelle que la loi du 31 Janvier 1923 laisse liberté au service public dans l’emploi des mutilés (pages 866 et 867).
M. Japy évoque le problème des cadres et personnel de direction. M. Sarrault le rassure en affirmant que l’obligation n’a qu’un aspect quantitatif et qu’il n’est pas question pour l’État de restreindre les prérogatives des patrons dans le choix de leur personnel d’encadrement.
Enfin, l’article 11 de la loi prévoit le paiement d’une redevance en cas de non-emploi de mutilés, somme versée à un fond "au profit des mutilés".
Le paternalisme, le principe de la non-rentabilité des mutilés, le parti pris qu’il s’agisse d’une charge humanitaire au débit - crédit du patronat, comme des multiples possibilités d’exonération pour les entreprises, se retrouveront dans les lois du 23 Novembre 1957 et du 10 Juillet 1987 en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés. La loi du 31 Janvier 1923 ouvre le principe des emplois réservés pour les mutilés de la guerre. Ces emplois se situent au niveau des tâches d’exécution. La loi du 10 Juillet 1987 en faveur des travailleurs handicapés réserve les emplois au niveau C et D de la fonction publique.
CONCLUSION
La solidarité avec les poilus et les ‘victimes de la guerre a pour contrepartie idéologique le nationalisme pendant le conflit de 1914-1918. La solidarité nationale s’exerce par des journées d’action : "Journée du poilu", la "Cocarde du Souvenir"... Dans l’Hérault, les associations ont une part active dans ces initiatives. Mais la mobilisation de la société ne s’arrête pas à cet aspect idéologique : l’aide aux victimes de la guerre, notamment aux mutilés, est l’occasion de créer de nombreux comités, associations, etc... Les milieux sociaux les plus divers se côtoient pour la solidarité: soutien des mutilés face à l’administration pour acquérir des droits, initiatives pour aider les combattants sur le front, foyers pour les blessés, écoles de rééducation professionnelle... Ces groupes réunissent des gens modestes (paysans, ouvriers -beaucoup d’agriculteurs-, veuves, parents de soldats...) et des personnalités (préfet Gruau, Général Ferrié, Professeur Flahaut, Marquis de Forton... ), des entrepreneurs, viticulteurs, avocats, médecins.... Ces associations préfigurent ce que sera le mouvement ancien combattant après la guerre.
L’aide aux victimes fait l’objet d’un important travail législatif. Les confédérations d’anciens combattants sont associées à l’application et au contrôle des lois. L’Office National des Mutilés et Réformés institue des comités dans chaque département. L’Hérault connaît une activité importante des comités d’anciens combattants en direction des mutilés et du Comité Départemental des Mutilés et Réformés. Leur tâche va du recensement à la recherche d’un emploi, l’obtention d’une pension, une aide morale... La préfecture joue un rôle non négligeable. Si la société a réalisé les aides aux mutilés pendant le conflit, l’État, avec les lois et institutions réalise la solidarité d’après la démobilisation.
La solidarité prend un contenu différent : Pendant la guerre, la réintégration sociale dans le monde du travail, de la vie quotidienne va de soi. La démobilisation confronte les mutilés l’économie du temps de paix. Avec les années qui passent, il sera plus difficile de trouver un emploi qu’une pension voir un placement en hospice, foyer, hôpital. La solidarité ressemble alors à une forme d’assistance.
La solidarité qui ne varie pas vis ci vis des mutilés est celle des camarades de combat. Le soutien des soldats libérés à l’armistice permet d’améliorer le sort des mutilés. Les associations d’anciens combattants sont souvent dirigées par des grands invalides qui ont de bonnes pensions et peuvent consacrer du temps à la gestion administrative de leurs mouvements. Les revendications des invalides de la guerre sont ainsi liées au mouvement ancien combattant.
NOTES DE BAS DE PAGES
(1) Léon Bourgeois, "La solidarité", éd. A. Colin, 1897.
(2) Jacques Rigaudiat, "Deux cents ans d’histoire", article paru dans les "Cahiers Français" n° 215 de Mars avril 1984, sur le thème "La protection sociale".
(3) Jacques Donzelot, "L’invention du social", éd. Fayard, 1985.
(4) Archives Départementales de l’Hérault 2 R 770.
(5) A. D. de l’Hérault 2 R 771.
(6) Loi Pressemane du 17 Avril 1916 assurant l’emploi des mutilés.
(7) A. D. de l’Hérault 2 X 228. (8) A. D. de l’Hérault 10 R 43.
(9) Sénat du 13 Avril 1924.
(10) Antoine Prost, "Les Anciens Combattants", Presses de la Fondation nationale des Sciences Politiques, 1977.
(11) Léon Bourgeois, "La solidarité", éd. A. Colin, Paris 1897. Léon Bourgeois fut douze fois ministre de 1888 à 1917, président du conseil en 1895-96. S’il met en oeuvre le solidarisme, la théorisation est le fruit d’Alfred Fouillée (1838-1912). Voir "La revue des deux mondes" de 1879, ou "La science sociale contemporaine", 1880, p.11.
(12) Rénouvier, "Science et morales", 1869, Paris.
(13) Émile Durkheim, "La division du travail social", Thèse, p. 29, publiée en 1893.
(14) Claude Nicolet, ‘‘L’idée républicaine en France", déjà cité, p.183.
(15) Auguste Comte, "Catéchisme positiviste", éd. Garnier Flammarion, Paris, 1966. Pour une lecture du discours positiviste, consulter Guilhem Dezeuze : "Discours dans l’État contemporain : Auguste Comte, comment le discours positiviste tient-il un discours religieux", Cahiers du CERTE, La Brèche, Montpellier, 1982.
(16) Ferdinand Buisson, "La politique radicale", Paris, 1908, p. 212.
(17) Idem (16), p. 211. (18) Idem (16), p.214. (19) Idem (16), p. 239.
(20) L. Bourgeois, "La politique de la prévoyance sociale", tome II, Paris, 1914.
(21) "Après la bataille", journal hebdomadaire de l’Union Fédérale au niveau national dont le ler n° parut le 27/10/1918, jusqu’au n° 99 du 30/09/1920 où il cesse d’être l’organe officiel de l’U.F. Cité par Antoine Prost, "Les Anciens Combattants", Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1977 (Sources, tome 3).
(22) Voir Antoine Prost, "Les Anciens Combattants". tome 2 intitulé "Sociologie". Edité aux Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1977.
(23) Antoine Prost, déjà cité, tome 3, pages 188 à 224.
(&) Le "Combattant sanglier" était l’organe départemental de l’U.N.C. Voir le N° de Février 1932, article de Debu: "Patriotisme et pacifisme, deux idées qui vont de pair".
(24) Voir à ce sujet les différentes rééditions du "code annoté des pensions", aux éditions Charles-Lavauzelle.
(25) Antoine Prost, déjà cité, p.77 tome 2. Page 61 à 65 : U.F. UNC AGMG (Association 1928 Io 000 234 des mutilés de 1933 20 800 11 133 11 717 la Guerre).
(26) Idem (25).
(27) Pezet Ernest, "Combattant et citoyen, le combattant dans la cité branlante devant la victoire mutilée", préface de Jacques Péricard, Paris, Spes, 1925.
(28) G. Pineau, "L’esprit combattant", article paru dans "Le Poilu du Centre" de Juillet 1922.
(29) Sur le radicalisme dans l’Hérault, J.J. Sagnes, "Les radicaux de Montpellier au début du XXème siècle", dans "Les Annales du Midi". Janvier mars 1979, tome 91, n° 141, p. 71 à 94, aux éd. Privat. Voir également Claude Nicolet, "Le radicalisme", P.U.F., 1967, p. 38.
(30) Archives Départementales de l’Hérault, dossier 2 R 770.
(31) Voir les interventions des députés Massé, Lugol, Pressemane, et des sénateurs Chéron, Sarraut , à propos des travaux parlementaires sur les lois du 31 Mars 1919, et du 26 Avril 1924. Jules Maurin, "Armée - Guerre - Société. Soldats Languedociens (1889-1919)", Publication de la Sorbonne, Juin 1982 : il est question des pensions (p.543 à 555). Jules Maurin fait État des difficultés de certains ayants droits pour l’accès aux pensions. voir aussi ‘,la circulaire du 22/02/192811 du ministre des pensions ‘ aux préfets, qui demande alors aux fonctionnaires la discrétion dans la procédure des pensions afin d’éviter la "jalousie". Archives départementales de l’Hérault, 2 R 708. Le souci de limiter autant que possible le nombre des pensions n’est pas absent de cette recommandation.
(32) Jean-Jacques Becker, "1914 Comment les Français sont entrés dans la guerre", Presses de la Fondation Nationale des sciences politiques, Novembre 1977, 3° partie "La mobilisation : De la résignation à la résolution" chapitre III intitulé "L’accueil". J.J. Becker cite "Le Petit Méridional" du 3/8/1914 où l’on parle de "patriotisme réel" à Béziers (p.306) et fait État de 2000 personnes à Montpellier (p.311).
(33) Marc Ferro, "La grande guerre 1914-1918", éd. Gallimard, Idées, NRF, 2° trimestre 1969. Marc Ferro évoque le coût humain de la guerre au chapitre II "Les formes, méthodes et buts" (sous-chapitre X) "Matériels humains et guerre du matériel" p.157.
(34) Archives Départementales de l’Hérault, dossiers 3 R 31 : Rapports du 22 Mars 1924 et 19 Avril 1925 de Jean Négret au Comité Départemental des Mutilés et Réformés de l’Hérault.
(35) J.B. Duroselle "Histoire de la grande guerre. La France et les français, 1914-1920", éd. Richelieu, diffusion Bordas Octobre 1972. Voir à propos des syndicats le sous-chapitre "L’union sacrée et le mouvement ouvrier", pages 71 à 79. Voir également J.-J. Becker, "La guerre et le mouvement ouvrier français, 191411, A. Colin, 1964.
(36) Archives Départementales de l’Hérault, 2 R 770.
(37) Archives Départementales de l’Hérault, 2 R 771.
(38) Idem (36), 2 R 770.
(39) Idem (36) 2 R 770.
(40) Idem (36) 2 R 770.
(41) Idem (36) 2 R 770.
(42) Idem (36) 2 R 770.
(43) Idem (36) 2 R 770.
(44) A propos de la loi du 31 Mars 1919 : Chambre le 26/12/1917, pages 3577 à 3593, et Chambre le 5/02/1918, pages 301 à 315, Sénat le 17/9/1918, pages 605 à 612, et Sénat le 27/9/1918. Note : Le Président de la République est alors M. Millerand, le Ministre du travail et de l’hygiène est M.Daniel-Vincent. Le Ministre de la guerre et des pensions est M.Maginot.
(45) Archives Départementales de l’Hérault, dossier 2 X 228.
(46) Idem (45), 2 X 228.
(47)Chambre des Députés le 7 Octobre 1927 (annexe des procès - verbaux).
(48) Archives Départementales de l’Hérault, dossier 10 R 228.
(49) Léon Bourgeois, "La politique de la prévoyance sociale", Paris, 1914.
(50) Archives Départementales de l’Hérault, 8 R 59.
(51) Corinne Buccafurri, dans le "Bulletin du Centre d’histoire de la France contemporaine" n°6, 1985 (Imprimerie intégrée de l’Université Paris X Nanterre) "organisation d’une journée patriotique Tous derrière le front", p.31. Il s’agit des exemples du Gard et de l’Hérault. Voir aux Archives Départementales de l’Hérault, dossier 8 R 29.
(52) Idem (49), 8 R 59.
(53) Archives Départementales de l’Hérault, dossiers 2 R 783, 2 R 784, 2 R 785, 2 R 786.
(54) Loi Pressemane parue au Journal Officiel le 19/4/1917.
(55) Archives Départementales de l’Hérault, dossier 3 R 131.
(56) Archives Départementales de l’Hérault, 3 R 131.
(57) Voir à ce sujet l’article de Henry Peiter intitulé "Les patrons, les mutilés de guerre et la France" traduit de l’anglais par Anne Pétry, et paru dans "Revue Recherches", Paris
(58) Chambre le 22 Novembre 1917, Député Puech p. 3577 à 3593.
(59) Archives Départementales de l’Hérault, dossier 3 R 131.
(60) Idem (59) 3 R 131.
(61) Voir à ce sujet : - Antoine Prost, "Les anciens combattants", déjà cité, p.14 à 18. - Jules Maurin, "Armée guerre société. Soldats Languedociens 1889-191911, déjà cité, p.544 à 553.
(62) Pierre Rénouvin, "La crise européenne et la 1° guerre mondiale", publié sous la direction de Louis Halphen et Philippe Sagnac, P.U.F., 1948, 3ème édition. Pierre Rénouvin évoque la question des mutilés, p.657 dans le chapitre II "Vie économique et déclin de l’Europe" p.653 à 660, sous - chapitre I "Belligérants européens".
SOURCES
Journal officiel de la République Française, consulté à la bibliothèque municipale de Montpellier et à la bibliothèque inter - universitaire, alors rue de l’école Mage, et aux Archives Départementales de l'Hérault.
Loi du 31 Mars 1919 (Aides aux victimes de la guerre, pensions militaires), travaux préparatoires : Chambre des députés le 21 Juillet 1916 page 1638. Chambre des députés le 26 Décembre 1917, 2ème séance p. 3577 à 3593. Chambre des députés le 5 Février 1918 p. 301 à 315. Sénat le 17 Septembre 1918 p.605 à 612. Sénat le 27 Septembre 1918 p.689 à 695. Sénat le 28 Mars 1919 p. 373 à 394 .
Loi du 26 Avril 1924 (Assurant l’emploi des mutilés de la guerre), travaux préparatoires : - Sénat : dépôt page 83 du Journal Officiel des Débats, de 1924. - Sénat le 13 Avril 1924, 2ème séance : p. 861 à 870. - N° 150 année 1919. - N° 486 année 1920. - N° 534 année 1923. - N° 64 année 1924. Chambre des députés le 7 Octobre 1927 - Annexe du procès verbal.
Loi du 17 Avril 1916 parue au J.0. le 19 Avril 1916 (Emplois réservés aux mutilés n°1, dite "loi Pressemane").
2 R 708 Pensions, réformes, gratifications (1911 à 1933).
2 R 770 Oeuvres de secours départementales pendant la guerre.
2 R 771 Oeuvres de secours liés aux institutions.
2 R 783 Journée de l’Hérault du 15 Octobre 1916 (profit exclusif).
2 R 784, 2 R 785, 2 R 786 : idem...
2 X 228 École professionnelle des blessés et veuves de guerre (1920-1927).
3 R 131 Rapports annuels sur l’application des lois (2/01/1918, 31/3/1919...), correspondances et placements, jusqu’en 1926.
8 R 59 Journée de l’Hérault, Cocarde du Souvenir, Journée du poilu.
10 R 43 Le petit drapeau Belge (20/12/1914).
10 R 228 École de rééducation et d’instruction complémentaire agricole et professionnelle des mutilés de la guerre "Le Petit Méridional".
BIBLIOGRAPHIE
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