L'AAH en 2017

Vivez un moment utile et passionnant :

Lisez « L’HISTOIRE POLITIQUE DU HANDICAP »

Vous y trouverez le pourquoi de certains événements contemporains :

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  LE LOUP EST SORTI DU BOIS

 

         Chaque année, au 1er septembre, certaines prestations sociales sont revalorisées… ou pas ! L'AAH (allocation adulte handicapé) en est en 2015, à taux plein, elle passe à 807,66 euros (contre 800,45 euros au 1er septembre 2014), soit une augmentation de 7,21 euros.

         La loi de programme budgétaire 2016 prévoyait une diminution substantielle des ressources financières des personnes handicapées titulaires de l’AAH (plus de 30 % compte tenu des compléments à l’autonomie supprimés) L’AAH elle-même est diminuée, ce qui réduit les ressources d’une personne handicapée sans emploi à un peu plus de 600 euros par mois. Le type qui a imaginé un truc pareil est un Cador ! Devant le tollé suscité par cette vue de l’esprit, dans le landernau du handicap, mais aussi dans l’opposition politique de tous les camps, l’idée est gommée du budget 2016 le soir même de la publication du texte. Mais attention : l’article est retiré « en l’état » cela signifie que la réduction de ressources en question est toujours sur l’établi, et quelle sera reposée dans l’année à venir ou quelque chose comme ça, ou sous une autre forme.

         Comme chacun sait les personnes handicapées, même très handicapées, sont riches. La vox populi traîne dans l’inconscient collectif que ces oisifs qui n’ont pas besoin d’aller au boulot sont des privilégiés, puisqu’ils peuvent rester au lit dans la matinée et même y survivre quand ils ne peuvent plus se lever. Est-ce un hasard si ces propos arrivent après la dislocation de la Loi du 11 février 2005, des mesurettes sur l’accessibilité, l’abandon du principe de scolarisation de tous les enfants handicapés, la mise entre guillemets de « l’obligation d’embauche de travailleurs handicapés » par le loi Macron, et pour couronner le tout, des propos flous et évasifs sur l’euthanasie, depuis quelques temps, dont on refuse de penser à l’avenir de son application… La diminution des ressources des personnes handicapées est mise en débat dans ce contexte. Est-ce un hasard ? Nous ne le croyons pas.

         D.P.

 

                                 :         L’allocation aux Adultes Handicapés génératrice de solitude !

         L’allocation aux Adultes Handicapés garantit un revenu aux personnes handicapées sans emploi, quelque en soit le motif. Animés des meilleures intentions du monde, les législateurs ont réalisé une mesure importante pour des milliers de gens – loi du 30 Juin 1975. Mais ils n’ont pas imaginé qu’elle serait aussi un facteur d’isolement ! Parce que le revenu servant à calculer le montant de l’allocation n’est pas celui de l’allocataire, mais celui du foyer fiscal, c’est à dire des personnes vivant sous le même toit. Le gain du conjoint éventuel, marié ou pacsé, diminue et à partir d’un certain niveau supprime l’AAH. Dans ce cas, la personne handicapée se retrouve à la charge de son vis à vis. S’installer dans ces conditions signifie souvent « choisir » la pauvreté. Alors la solitude est au rendez-vous…

         Avec la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé – 801,45 € par mois, si on ne vous invente pas un trop perçu quelconque ; Hé oui, la suspicion sur les pauvres de la bonne bourgeoisie au 19° siècle est toujours vivace…

         RQTH à 80% + AAH= quasi impossibilité de trouver un emploi, donc assistanat et pauvreté.

Pourquoi embaucherait-on un Travailleur Handicapé puisqu’on le soupçonne d’oisiveté ?

         AAH incompatible avec la propriété foncière (habitat) comme les juifs interdits de propriété foncière au Moyen-âge – Si vous voulez survivre restez pauvres !

         AAH incompatible avec un revenu factuel même minime, ce qui provoque une baisse immédiate de l’AAH.

 

Les origines politiques (lointaines) et conceptuelles de l’allocation aux Adultes Handicapés :

         La Grande Peur issue des troubles révolutionnaires de 1789 suscite la création du Comité de Mendicité : des bandes errantes de mendiants sans feu ni lieu s'adonnent au pillage en ces temps de déliquescence des autorités. Le maire de Paris, Bailly, intervient dans l'enceinte de la Constituante pour "recommander les pauvres à la charité de Messieurs les Députés." Le Comité présidé par le Duc de La Rochefoucauld-Liancourt élabore une politique révolutionnaire pour réduire la misère et circonscrire la mendicité. Il propose une action d'ensemble vis à vis des chômeurs et mendiants, mais aussi des vieillards, infirmes et incurables. Le comité siège de Février 1790 à Septembre 1791. Ses travaux visent la pauvreté, en particulier les vieillards et infirmes indigents. Il reprend l'idée de Diderot et de la pensée des Lumières : l'État doit prendre en charge certaines catégories sociales dont les invalides de guerre, les aveugles, etc. Les sept  rapports du Comité présentent l'assistance par l'État comme solution à la question de l'infirmité. Ils recommandent le financement des hôpitaux par la puissance publique, l'organisation d'aide à domicile, etc. La Rochefoucauld-Liancourt la présente comme un "devoir" lors du premier rapport à l'Assemblée : "... elle ne doit plus être regardée comme un bienfait ... Cette bienfaisance n'est pas l'effet d'une sensibilité irréfléchie, elle n'est pas même une vertu compatissante, elle est un devoir, elle est une justice". L'avènement politique de la bourgeoisie en 1789 pense l'infirmité à côté de la société, qui reconnaît son devoir d'assistance envers ceux incapables de subvenir à leurs besoins. L'éthique du mérite, de la vertu et de l'effort, de la volonté source de l'enrichissement matériel, bref, sont des vertus prêtées à chacun par la philosophie des Lumières. Les pauvres, mendiants et indigents demeurent l'envers du décor social, objets craints ou pitoyables, présumés incapables de valoriser leurs potentialités et toujours soupçonnés d'oisiveté. L'infirme devient un "citoyen", mais dit le Duc de La Rochefoucauld-Liancourt au premier rapport du Comité, "...On ne trouve pas chez les indigents, vieillards, infirmes ... l'espèce d'énergie que l'homme indépendant porte avec lui, et qu'il est si rare, si difficile, nous dirons même si peu possible, de trouver dans celui dont l'existence est toujours troublée par l'inquiétude et le besoin". Les personnes infirmes deviennent Égaux en Droit conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, mais le plan du Comité prévoit des ateliers de travail dans lesquels "on prend soin de leur verser un salaire journalier inférieur au salaire ordinaire".

                                                Voir L’histoire politique du handicap   éd. L’Harmattan

          Voici exprimée une considération générale sur la capacité et la raison déficiente supposées des infirmes – on ne parlait pas encore du handicap -. Cette idée générale est toujours présente de nos jours chez le commun de nos contemporains. Le prix du travail inférieur pour l’infirme sert toujours de principe à l’aide sociale : celui qui ne travaille pas ou peu doit recevoir moins que le travailleur ordinaire. Mais deux siècles sont passés et 70 générations nous séparent de 1789, le monde n’est plus le même. En quoi cela gênerait-il beaucoup le monde du travail si quelques dizaines de milliers de gens définitivement écartés du monde du travail, à part quelques miettes de temps en temps, recevaient des allocations leur permettant une vie digne, le Smic par exemple ?

                                                                                                                                                                                          D.P.

 

MAIS AU FAIT, C’EST QUOI UN TRAVAILLEUR HANDICAPE ?

 

         « Le Conseil de la République du 1.12.1949 supprime le "Conseil supérieur de l'assistance de France" institué par le gouvernement de Vichy. La loi proposée par le Maire de Lille est le premier texte d'après-guerre sur l'infirmité. L'unification des dispositions sur l'invalidité préfigure la naissance d'un concept globalisant les différents types d'atteinte à l'intégrité individuelle, tout en signifiant les conséquences sociales qu'elles occasionnent : le handicap. La loi CORDONNIER traite de l'assistance, mais la question du travail pointe dans les débats : on y parle de "dignité" et de "travailler pour ne pas se sentir inutile". C'est le contact avec le monde du travail qui provoque la mise au monde politique du "travailleur handicapé".

         Après la seconde guerre mondiale, le "fordisme" occupe tout l'espace de la production industrielle. Le travail à la chaîne et l'Ouvrier spécialisé représentent l'organisation la plus courante du monde économique. La division du travail, la cadence et le productivisme permettent une fourniture massive de produits de consommation. La société s'organise en fonction de dimensions statistiques, ressemblant au modèle scientifique de l'industrie. Le travail spécialisé se divise en segments de tâches répétitives dans lesquels l'exécutant ne trouve pas de finalité. L'habitat se concentre dans des barres et des tours uniformes, au gigantisme impersonnel. Le développement des transports et la gestion des distances à l'échelle de l'automobile modèlent l'espace urbain. La consommation de biens et de services doit satisfaire le plus grand nombre. Les pouvoirs publics organisent la protection sociale massive par la sécurité sociale, la retraite des vieux, les progrès médicaux, bref, ce que François Ewald appelle l'État Providence... Le mouvement produit un individu standard, capable d'occuper sa place dans la machine sociale, de contribuer à son fonctionnement. Certes, tout le monde n'habite pas une ville nouvelle, tout le monde ne travaille pas à la chaîne... Mais les décennies suivant la 2° guerre mondiale modifient le concept d'être humain,  de travailleur, en produisant un individu idéal, moyen, calibré, fantasmatique, qui s'il n'existe pas, devient la norme, "le normal". Frédéric Taylor définit l'homme idéal pour l'organisation scientifique du travail, dans son ouvrage "La direction de l'atelier" (paru en 1902 aux USA,1907 en France). Il lui donne neuf qualités auxquelles chacun doit être mesuré, évalué, comparé : "les neufs qualités qui font un homme suffisamment universel sont : l'intelligence, l'éducation, les connaissances spéciales ou techniques et l'habilité manuelle ou la vigueur physique, le tact, l'énergie, la fermeté, l'honnêteté, le jugement ou le bon sens, une bonne santé". Cette description de l'homme universel fait partie des recommandations faites aux patrons américains pour embaucher du personnel et estimer la capacité de celui-ci d'occuper tel ou tel échelon hiérarchique. L'individu se mesure au nombre de qualités possédées. Deux guerres plus tard, et en raisonnant par déduction, Taylor aurait dit : celui qui n'est pas en bonne santé, a peu de formation technique et d'habilité manuelle pour manifester son intelligence, son tact, sa fermeté et l'énergie nécessaire pour mettre ces qualités en valeur, celui-là est un travailleur handicapé. Bien entendu le patron avisé n'emploie que le travailleur "normal", homme normalisé, excluant de l'organisation scientifique du travail la contre-norme qu'est le handicapé. Celui-ci n'a pas sa place dans l'entreprise dont il gêne le fonctionnement, car il nécessite des mesures particulières pour travailler. Il entrave le fleuve tranquille de la production.

         La médicalisation du travailleur handicapé par l'État Providence semble le meilleur moyen de régler un "douloureux problème".  Les  Ateliers de travail protégés (ATP.) et les Centres d'aide par le travail (CAT.), axes de la loi du 23.11.1957, confèrent un caractère thérapeutique à l'emploi des handicapés. Il s'agît d'entreprises "sociales" où les travailleurs handicapés produisent à leur rythme, selon des règles différentes du monde ordinaire. Des commissions médicales y placent les gens. Des instituions sociales les gèrent, le plus souvent des associations. » La loi du 23 Novembre 1957 en faveur de l'emploi des travailleurs handicapés, fait entrer le « travailleur handicapé » sur le champ politique. »

                                                    Voir L’histoire politique du handicap   éd. L’Harmattan, Octobre 1994, pages 124 à 126.

                                         Chapitre L'invention politique du travailleur handicapé : les lois du 2.08.1949 et du 23.11.1957.

 

             Avec la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé – 801,72 € par mois, si on ne vous invente pas un trop perçu quelconque ; Hé oui, la suspicion sur les pauvres de la bonne bourgeoisie au 19° siècle est toujours vivace…

 

Pour l’année 2016 :

             Il aurait été plus judicieux – et économique en paperasses, en contrôles parfois agressifs et voyeurs, en personnels, en formulaires…, - plus utile de :

AUTONOMISER LA DECLARATION FISCALE DE LA PERSONNE HANDICAPEE,

NE PLUS L’ASSIMILER AU « FOYER FISCAL »

LEVER L’INCOMPATIBILITE DE LA PROPRIETE FONCIERE (HABITAT) AVEC L’AAH

VERSER L’AAH SANS CONDITION DE RESSOURCES.

SUPPRIMER LA LIMITE D’AGE DU DROIT A L’AAH  – à 62 ans, la retraite ! A cet âge, on est censé ne plus avoir besoin de vivre. Ni vivre tout court ? Ou on va mieux ? Après cette guérison administrative, le vieillard que nous sommes devenu n’a plus besoin d’autonomie, ni de liberté.  810,72€ par mois pour tout payer, c’est trop cher !

A SIGNER ABSOLUMENT :

UNE PETITION PROPOSE L’AAH SANS CONDITION DE RESSOURCES. A signer ici :

 https://www.change.org/p/attribution-de-l-allocation-d-adultes-handicap%C3%A9s-aah-sans-conditions-de-ressources/u/11192088?tk=2eycBgXhAc4opfAAuiDan4-5-i5NUnxe62gyZeWngDw&utm_source=petition_update&utm_medium=email

ET UNE VIDEO SUR L’AAH :

https://plus.google.com/117523959167685246687/posts/HM7emiSyHRL?cfem=1

 

A lire absolument :

           C’est un roman,  certes, mais plein de vérités sur l’argent et le handicap, l’économie du handicap, les associations, les Conseils Départementaux, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, les « intervenants », le prix de la politique… Très utile, à méditer !

 

 

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