Une affaire très grave
Très grave car il en va de mon
existence de citoyen, de chercheur, d'être humain
Au bout du compte
il s'agira de mon existence biologique.
Je suis allé à la Maison
départementale des personnes handicapées de l'Hérault, accompagné
de Danielle Prades, pour consulter mon dossier médical et administratif
qui a été réalisé dans le cadre de la compensation
du Handicap (conformément aux décrets du 4 Avril 1978 sur les
documents administratifs et du 29 Avril 2002 sur le Droit des malades).
Sans la présence de Danielle je n'aurais pu obtenir le dossier, qui a
mis plus de 20 minutes à me parvenir de l'étage et était
visiblement filtré de certaines pièces (compte-rendu de commissions)
que je n'ai pu obtenir.
J'ai constaté en lisant ce dossier
médical, dont j'ai la copie que :
1- Je suis né handicapé
et donc mes souvenirs d'enfance sont faux et mes
amis d'enfance n'ont jamais existé.
2- J'ai un niveau
"scolaire" médiocre : classé au niveau B de la nomenclature
de la MDPH, je suis entre le BEPC et le BAC. Là encore mes souvenirs
de jeunesse, mes amis de sorties, de motos, de soirées entre amis de
tous sexes, de balades à travers l'Europe sont une vue de mon esprit
tourmenté. Je n'ai jamais été étudiant, diplômé,
chercheur, écrivain
entre autres
3- Je suis déclaré incapable
de gérer moi-même mon compte en banque, il paraît qu'il serait
géré par Danielle, alors qu'elle n'y a jamais eu procuration,
et que je gère tout seul mon compte - J'ai une attestation de ma banque.
4- Du fait que j'ai signalé
des difficultés fonctionnelles à tenir un
crayon ou pianoter sur mon clavier, le rapport " médical "
conclût que je ne lis pas, que je n'écris pas.
5- Je
suis incapable de travailler de quelque manière que ce soit et je
suis incapable de mettre en valeur ce que j'ai pu apprendre. Les dix années
de PAO. dans la société que j'ai créée sont une
illusion.
6- Pour avoir signalé que je
ne n'adhère pas à une association " officielle
" de personnes handicapées, le rapport conclût que je
n'ai pas d'activités sociales, que je
ne m'intéresse à
aucune
activité collective et que je n'ai pas de relations sociales. Je
suis Secrétaire général de l'Association Handialogue depuis
4 ans, je suis vice-trésorier du Comité de Liaison de l'Hérault,
je suis membre d'un parti politique dont je participe à la vie locale
et nationale depuis cinq ans, je suis président de l'Association Esméralda
Culture et Recherche, je suis membre de l'Union Nationale des Français d'Origine
Asiatique ; Je suis gérant non-salarié d'une SARL. Je travaille
avec des députés et des sénateurs sur différents
sujets, notamment les lois sur le handicap, la sécurité sociale,
l'Union Européenne, l'Education, l'énergie et bien d'autres choses
encore
J'ai rencontré divers responsables politiques importants,
et j'ai plaidé la cause de l'Institut Saint-Pierre de Palavas-les-Flots,
à Paris, devant le Secrétaire d'Etat auprès des Personnes
Handicapées (2003).
7- Il est écrit que je suis
incapable d'avoir une relation normale avec qui que ce soit. Je crois avoir
des amis de longue date, ce doit être une vue de l'esprit.
8- Sur le listing (anonyme) des décisions
de compensation (PCH) chaque décision est chiffrée, sauf
la mienne ! Est-ce une discrimination ?
9- Enfin, le rapport médical
me déclare " handicapé psychique ".
J'ai téléphoné à Mme Al., Sous - Directrice de l'ADPH 34. Elle m'a répondu en jubilant : " Nous n'y pouvons rien, c'est un rapport médical, c'est comme ça ! "
Inutile de dire que cette réinvention
de ma personne pour des raisons qui n'ont visiblement rien de médical
me plonge dans une colère froide, me ronge, me réveille le nuit
et m'insupporte.
J'ai commencé à rassembler
des preuves de mon existence réelle afin de mettre en uvre TOUS
les moyens pour faire disparaître cette aberration, et faire rendre gorge
aux responsables de ces calomnies me transformant en un fantôme.
J'ai demandé récemment un certificat médical chez un psychiatre, de ma propre initiative, car à l'époque j'entendais souvent parler de tutelle quand j'essayai désespérément de régler des difficultés administratives dues aux procédures MDPH. La loi du 11 Février 2005 parle de citoyenneté des personnes handicapées, de choix de vie Je n'admets pas cet abus de pouvoir.
Le rapport " médical "
de la MDPH me cause un grave préjudice depuis longtemps. Je ne comprenais
pas pourquoi des gens, depuis quelques temps, prennent ce que je dis à
la légère, s'adressent à moi de manière infantile,
et parfois se moquent de moi ouvertement, y compris dans des groupes de personnes
handicapées. De même dans ma recherche d'emploi de chercheur, depuis
des années, certaines démarches n'ont pas abouties pour des raisons
inexpliquées ; ceci explique peut-être cela.
En effet depuis la création
des MDPH, les associations de personnes handicapées, ou plus exactement
de parents d'enfants handicapés, participent au fonctionnement de l'administration
chargée des personnes handicapées. Les commissions sont essentiellement
composées de représentants associatifs, qu'ils soient ou non handicapés.
Dans le travail des commissions, tout ce monde a accès aux dossiers médicaux
et administratifs qui relèvent en principe du secret médical ou
de la confidentialité administrative ; hors ils ne sont pas médecins,
ils ne sont pas administrateurs, ni légalement tenus au secret.
De ce fait, des éléments relevant du secret médical ou administratif circulent dans le petit monde du handicap, voire sur des courriers de listes de discussion sur internet, en tous cas dans des lieux et places où ils n'ont pas à être exposés. Des personnes handicapées, membres de ces " clubs " m'ont déjà raillé en " m'interrogeant " précisément sur mon dossier d'aide humaine ou des éléments médicaux qu'elles n'avaient pas à connaître. C'est un comble qu'on divulgue des informations médicales sur les personnes handicapées au tout venant, alors que, lorsque il y a quelques années, un projet d'ouvrir les dossiers médicaux des salariés à leurs employeurs était évoqué, les syndicats français ont, à juste titre, imposé le retrait de cette proposition.
Pour ma part, je considère ce rapport " médical ", dont mon médecin de famille a dit " Il a été signé par un fou ", je le considère, donc, comme une maltraitance.
Il est une atteinte à la dignité de ma personne, une
atteinte à ma nature d'homme, une atteinte à mon intégrité
morale.
" Handicapé psychique "
signifie " personne handicapée qui n'accepte pas son handicap "
(Loi du 11 Février 2005).
Je suis assis sur un fauteuil roulant
depuis trente ans, c'est à dire depuis l'âge de vingt ans ; je
ne me suis jamais drogué, je ne bois pas, je ne fume pas, je n'ai jamais
eu de murs sexuelles dites déviantes ; j'ai travaillé aussi
dur que Balzac dans mes études comme dans mes recherches, puisqu'étant
handicapé (avec l'AAH) mes professeurs n'ont pas considéré
que j'avais besoin des moyens que les autres avaient (bourses de recherche à
l'époque trois fois et demi l'AAH)
Lorsque j'ai
fondé une SARL d'édition, certaines aides légales prévues
pour les entreprises en création m'ont été refusées
ainsi que celles auxquelles avait droit mon associée, sous prétexte
que j'étais trop handicapé
Ma recherche d'emploi après
mes parutions d'articles, ma soutenance de thèse,
mes publications d'ouvrages et mes démarches pour obtenir un strapontin
dans le monde de la recherche ou de l'Université, n'avait rien à
envier à mes pairs qui arrivaient avec beaucoup moins de bagages, et
pour certains à qui j'ai moi-même donné des cours, alors
que je restais à la porte assis sur mon petit fauteuil nickelé.
Je me suis toujours présenté à égalité avec les autres, sachant bien que pour l'entreprise comme pour les laboratoires de recherche, l'important n'est pas mon fauteuil roulant ou la longueur de mes cheveux, mais ce que j'apporte en termes de valorisation du travail et de conceptualisation scientifique. Je ne crois pas avoir jamais " refusé mon handicap ", ce n'est pas moi qui le refuse !
Moi, je vis avec depuis trente ans
; je le connais avec ses contraintes, ses souffrances, les barrières
qu'il me procure, la bêtise qu'il suscite et les réactions irrationnelles
qu'il provoque parfois chez mes contemporains ; Je sais aussi où il me
mènera en définitive, mais il y a longtemps que je n'en n'ai plus
peur. Si je ne l'avais pas accepté, la question serait réglée
depuis longtemps avec ou sans loi.
Je sais aussi la force qu'il m'a donnée et je n'admets pas qu'un " médecin " se prête à une telle mascarade. Qu'est-ce que cela veut dire : " Il n'accepte pas son handicap " ? Qu'il n'adhère pas à une association tutélaire ? Qu'il préfère lire, écrire, publier, rencontrer des auteurs, des imprimeurs, des entrepreneurs, donner des conférences, plutôt que vendre des brioches ou distribuer des fleurs dans la rue pour le compte d'associations, ou manifester sempiternellement pour une augmentation de l'allocation aux adultes handicapés ? Je me fous du rôle social que je suis censé jouer, je suis un citoyen français, ni plus, ni moins, et j'en garderai jusqu'au bout la dignité.
Des dossiers sont adressés à des autorités et des organisations compétentes pour mettre un terme à ce monstre.
Le 30.11.2008
© Copyright 2008 Pascal Doriguzzi